De tous biens plaine est ma maistresse
Autour d'une chanson du XVe siècle
Programme
Le rondeau à 3 voix De tous biens plaine écrit par Hayne van Ghizeghem à la
fin du XVe siècle est à l’origine de plus de 50 oeuvres vocales et instrumentales, tant
profanes que sacrées. Chaque pièce dévoile un nouvel aspect de cette célèbre chanson,
parfois traitée en cantus firmus ou combinée à une autre chanson de l’époque. En
associant les adaptations les plus variées de ce véritable "standard" de la
Renaissance, ce concert propose ainsi de découvrir l’art de l’emprunt et de
l’arrangement des compositeurs de la génération de Josquin Desprez (c 1440-1521).
De tous biens plaine est ma maistresse
Chascun lui doit tribut d’honneur
Car assouvie est en valeur
Autant que jamais fut déesse
Ce refrain issu du rondeau de Hayne van Ghizeghem, compositeur flamand de la fin du XVe siècle, se révéla un "terreau" exceptionnel pour la création musicale de la Renaissance. Cette chanson à 3 voix connut en effet de multiples avatars sous la plume des compositeurs de la génération de Josquin Desprez et Alexandre Agricola. En témoignent les nombreuses oeuvres sacrées comme le motet marial de Loyset Compère, Omnium bonorum plena (traduction latine de De tous biens plaine) élaboré à partir du tenor de la chanson, traité en cantus firmus. D’autres musiciens utilisent sa voix de superius pour la confronter à d’autres chansons célèbres contemporaines : le rondeau est ainsi à l’origine de genres tels que la chanson combinatoire ou la fricassée, symptomatique des chansons pluritextuelles au tournant des XVe et XVIe siècles.
Ainsi le programme de ce concert permet d’appréhender de manière structurée et pédagogique les techniques de composition à partir d’un même matériau préexistant chez les compositeurs franco-flamands du début de la Renaissance.
L’Ensemble Non Papa s’associe ici à 4 instrumentistes issus de grands conservatoires (CNSM de Lyon, Musikhochschule de Freibourg – Allemagne) pour, d’une part, renouveler le son d’ensemble qu’ils ont forgé au cours des nombreux programmes depuis maintenant 4 ans et, d’autre part, tenter d’apporter des réponses quant à l’interprétation du rondeau de la fin du XVe siècle, genre musico-littéraire exigeant qui disparaîtra avec l’avènement de l’ère de l’imprimerie musicale. Le choix des instruments (luth, viole et flûte traversière) et des voix permettra à l’Ensemble Non Papa de varier les combinaisons de timbres pour mieux révéler la qualité des compositions élaborées à partir d’une même chanson, ces emprunts apparaissant à chaque fois sous un nouveau jour.
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